FRATERNITÉ de DUBÉ Jacqueline

FRATERNITÉ

Sursaut de l’âme,
Éclair horizontal
Qui traverse et clame
Le vide abyssal !

Être de lumière
Revêtu de peau,
En mal d’une charnière
Qui ne soit un étau…

Béance insigne,
De l’être en devenir
Qui saigne comme vigne :
Il aime ! Et comme il peut haïr…


Promis à l’espérance,
À la remorque du temps,
Hanté par sa naissance
Qui pourtant
Lui échappe :
Source fuyante, dunes du désert
Mirage qui happe
L’aujourd’hui de l’hier !


Sans forfait ni bagage
Aspiré vers l’ailleurs
Tourne, las, le voyage,
Tourne à vide le cœur !


D’escale en escale,
Néo-touriste de l’instantané
En cavale
Dont le seul énoncé
Dit la précarité.

Fraternité :
Inéluctable altérité qui nous sauve
De la dualité fauve :
Énormité Trompeuse et altière
De notre finitude
Qu’exaspère
L’amère solitude
Et les fades similitudes.


Primaire dualité
D’exil et de peur
Hors de l’altérité !
Propulsés vers l’ailleurs :
Nous ne faisons toujours que partir,
Oser la route,
Avec hargne ou à plaisir…
Ce n’est jamais qu’une goutte,
Fol espoir entassé, Énorme, implacable
Mais irréductiblement chevillé
Au cœur vulnérable.

Identique à l’autre,
Pourtant viscéralement différent :
« Le tien, le mien, le nôtre »
Associent nos atermoiements
Et les dissocient lamentablement…


Sursaut de l’âme
Éclair horizontal
Qui désarme et clame :
Fraternité !
Horizontale et verticale,
Vertigineuse :
Possible coupe d’amitié
Frémissante, loyale,
Généreuse !
Formidable et salvifique constat : fraternité ! Fraternité


Où s’ouvrent nos tensions
Sur l’au-delà insolite,
Médiation
D’un visage : altérité
Qui nous tourmente et nous habite…
Impasses
Qui nous seraient tout à coup
Une grâce :
Fraternité qui nous éjecte
De notre âme subjecte !
Te savoir, fraternité !
Toi, l’espace, l’éclair,
L’humanité,
Ce cœur de chair
Abîme sans fond, écho
De l’étonnant cadeau :
Lui, toi, moi : inéluctable vis-à-vis en somme,
Qui m’identifie et me nomme !


Jacqueline Dubé, cbp octobre 2005

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